Opérations

Étape 7: soins continus: une fin de nuit mouvementée

Bip bip bip…

J’en ai marre de ce bruit, non stop, de la lumière qui ne s’éteint jamais complètement, des cris des autres patients. Il me semble qu’on est environ six dans ces soins continus et je n’ai qu’une envie, dormir. Mais impossible. A peine je bouge de 2mm dans mon lit que la dame à côté de moi délire, panique et tente de se lever de son lit en criant «j’ai entendu un bruit, c’est qui, c’est qui?» ce qui crée un remue ménage chez les infirmières qui la récupèrent pour la remettre au lit tant bien que mal. Du coup je n’ose plus bouger.

Un autre problème majeur c’est les douleurs. En quittant les soins intensifs j’ai aussi quitté la morphine qui coulait au goutte à goutte. J’ai beau avoir actionné quelques fois la sonnette en leur signalant que les douleurs sont intenses, leur piqûre de morphine dans la cuisse ne me soulage guère plus d’une heure et en raison des dosages à respecter je dois attendre plusieurs heures avant la prochaine piqûre. Ils me donnent des comprimés aussi mais rien n’y fait, j’ai l’impression d’avoir un énorme poids qui m’écrase la poitrine. Je vois lentement, très lentement chaque minute défiler. Il me semble m’endormir parfois mais quand je me réveille et regarde l’heure, à peine deux ou trois minutes ont passé. C’est long, j’en ai déjà marre! Chaque minute passe comme un laps de temps infini.

A l’aube, je m’endors pour de bon. Je me réveille à 6h, j’arrive à peine à respirer, j’ai tellement mal! J’ai mal!! J’ai l’impression qu’on m’a poignardé le dos (le fait de casser le sternum en deux et de l’écarter pour avoir accès au cœur crée bien plus de douleurs au dos que sur la poitrine), je suis en larmes, je n’arrive presque pas à respirer, encore moins avec les sanglots, mais comme j’ai mal! Je panique, j’ai l’impression de suffoquer. Je me demande si je vais crever là. J’appuie sur la sonnette, après un long moment d’attente une infirmière vient. Elle voit mon état et me dit qu’elle va m’apporter tout de suite la morphine.

J’atttends encore et encore, je pleure de plus en plus, ça me fait de plus en plus mal mais j’en ai marre!! J’ai mal!! J’ai le souffle complètement entrecoupé, je suis épuisée, je veux juste que tout ça se termine, je n’en peux plus. Je rappuie sur la sonnette après ce qu’il me semble être une heure et c’est une nouvelle infirmière qui arrive, les équipes ont changé et ma morphine oubliée. Je n’arrive pas à lui parler, le souffle me manque. Elle crie à une de ses collègues de ramener une injection de suite et reste vers moi pour me calmer le temps que la piqûre fasse effet. Je lui serai toute ma vie infiniment reconnaissante pour son dévouement à ce moment-là.

Jusqu’à cette nuit, je ne savais pas qu’il était possible d’avoir autant mal.

Je me rendors une heure et je me réveille le matin avec l’impression que ce qui m’attend va être interminablement pénible. J’ai l’impression que je ne vais jamais m’en sortir, que ça ne va jamais finir. Je pleure encore, épuisée.

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