Étape 16: réveil et soins continus
J’ouvre les yeux la gorge sèche, une douleur assez forte dans le milieu du dos. Je suis en salle de réveil et je remarque des papillons dessinés au plafond. La douleur est moins pire qu’après la première opération et reste gérable. Ouf!
Le chirurgien vient vers moi: tout s’est bien passé, il y avait énormément de sang mais ils ont pu l’enlever. Ils ont juste repris le bas de la cicatrice et l’ont agrandie de quelques centimètres. Ils m’ont posé un drain pour évacuer le reste du liquide.
L’infirmière appelle Diego pour lui dire que tout s’est bien passé. Je peux ensuite lui parler quelques instants, même si je ne suis encore pas très bien réveillée et que j’ai la voix rauque car je n’ai rien bu depuis le réveil, ça fait du bien de l’entendre au bout du fil.
On me monte aux soins continus et on m’annonce que le chirurgien a retiré… 2.5L de sang pendant mon opération! Je passe toute la nuit éveillée. Un des patients croit qu’il est à New York, l’autre appuie toutes les deux minutes sur la sonnette sans raison… le temps passe très très lentement.
Chaque mouvement me fait mal. Je suis à nouveau très limitée dans ma mobilité (je ne peux pas me lever), à nouveau je suis pliée en deux en avant à cause des douleurs du sternum, du dos, des côtes. C’est quand même moins pire qu’après la première opération. Le jour se lève.
Je n’arrive même pas à aller jusqu’aux toilettes. J’ai l’impression que mon corps ne m’appartient plus. Ça me fait mal rien que de me revoir à nouveau avec tous ces tuyaux et pansements. Surtout le drain, ce gros tuyeau qui fait un bruit de bulle, que je sens aspirer sous mon aisselle gauche et qui ressort par mon ventre pour amener le sang qui reste autour de mon cœur dans un réservoir.
Le physio passe: ça va?
Et là, j’éclate en sanglot. Pendant une heure.
Je veux marcher, courir, voir le soleil, et surtout n’avoir plus mal. Réussir à dormir. J’en ai marre. J’ai envie d’arracher toutes les aiguilles, et les tuyeaux en moi et de pouvoir promettre à mon brave corps que tout ça s’est fini, que ça va aller… je ne me sens plus moi-même, couverte de cictrices, de gros hématomes, toutes ces machines…
C’est mon 20e jour au Chuv.