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Face à la mort

C’est trop dangereux. Tu ne peux pas. Tu ne dois pas.

Le feu dévore mes tripes. Lui que j’ai eu tant de peine à apaiser en voyage, le voilà reparti de plus belle. Trop de souffrance, trop de désillusions, trop d’épreuves. On peut dire que j’en ai morflé ces derniers temps. La différence, c’est que maintenant j’ai donné un sens à tout ça. J’ai un seul rêve dans ma ligne de mire : combattre. Amener mon petit corps trop fragile sur un ring et exploser l’autre. Ou me faire exploser. Je n’ai que faire des risques, des probabilités, des recommandations médicales. La mort, ça fait longtemps que je ne la crains plus. A force de la côtoyer, on l’apprivoise.

On me dit que le ring, ce n’est pas pour moi. Ma maladie, mon cœur opéré, mes articulations trop souples, ma peau fragile… ce n’est pas le top. La boxe, dans le tableau des recommandations des cardiologues du sport, c’est la case rouge. Le pire. Trop dangereux ? C’est étrange de dire cela à quelqu’un qui n’a fait qu’essuyer des coups tout au long de sa vie. Moi je vous dis que j’ai toutes les raisons du monde de combattre. Je ne crains pas la douleur, la défaite, les blessures. Je m’en fous de mourir. Je veux me battre, tomber, me relever, chercher l’énergie au fond de moi pour lutter encore et encore. Je n’ai que faire de vivre sagement et longtemps, en prenant le minimum de risques possibles. Ça n’a aucun sens à mes yeux. Je fais partie des fous, des ravagés, ceux qui foncent tête baissée, rêvent trop grand et explorent au-delà des frontières. Ceux que rien ne rassasie, qui doivent toujours et sans cesse aller plus loin, dépasser les limites. Je suis de ceux qui ont des flammes au fond de leurs tripes : soit on fonce, soit on se brûle.

Je suis restée trop de temps couchée sur des lits dans des hôpitaux, j’ai passé trop d’années à fuir les coups pour me protéger et trop de nuits à pleurer. C’est fini. La petite fille a grandi. Aujourd’hui je reste debout. Avec plus de rage que jamais, plus d’énergie que jamais et un seul et unique objectif : combattre. Etre couchée, couverte de sang sur le sol, à bout de souffle et quand même me relever. Avec deux fois plus de force.

Faire péter une bonne fois pour toute l’obscurité qui m’habite et foncer vers mon rêve.

Comme le dit si bien mon amie Sarah Gysler : et puis au pire, on meurt.